C'est moi, c'est moi, mon moi en plein émoi de copulation métaphysique. Eparpillé, disloqué, démembré, remembré, femme membrée à part entière mais homme aussi en même temps, par alternance, par parenthèse, par plaisanterie, tout à la fois et RIEN. Un masque, des tentacules qui l'articulent autour du vide de mon identité. Aujourd'hui je porte mon nom de masque polymorphe et je demande, livré à toutes les possibilités de métamorphoses: "Je serais comment si!" et ainsi de suite, vertige des possibles et des antinomies sans cesse renouvelées; je suis une pure fabrication, une prolifération d'adjectifs, un fantasme de multiplicité; créé, inventé; conçu de toutes pièces, façonné, caressé, poli; évoqué par moi comme un cri et c'est en riant que je me produis et reproduis afin de changer de corps, de décor, d'air, de maintien, de voix, de direction et d'être un autre dans la lumière aléatoire de certains crépuscules où l'on ne sait plus qui l'on est, ce qu'on suit, qui l'on fuit, libre de toutes ses solitudes et montrant le chemin. Alors, prenant toutes mes jambes à mon cou, je me démasque enfin et je m'amuse de mon immensité comme un radieux palindrome: NU et UN.

Jacques Almira

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