Ces corps démembrés s'appartiennent-ils encore ? Jambes ouvertes, bas, talons aiguilles, voilettes, résilles, visages fardés. Comment rattacher haut et bas ? Assemblage rendu impossible entre le buste et les jambes. Membres imbriqués formant masse hérissonne. Le corps est un amalgame hirsute. Il s'incorpore à son double. Multiplicité des orifices. Creux et bosses juxtaposés bénéficiant du privilège cher à Molinier de présenter face et fesse d'un seul côté. Tête-bêche inextricable, noeud de serpents, essaim. Tout en formant un polyèdre organique, une étoile au fond lactescent, chacun des fragments prélevé à un corps fantôme accuse encore sa découpe - galbe, moire, fard, cerne. Désormais solidaires d'un circuit général qui les excède, les silhouettes sont prises dans le rythme de leur incorporation, dehors-dedans confondus, compas des cuisses sous le noir profond d'un regard fixe, hébété. Clonage, tubulure. Corps nouveau assurément, postiche et pastiche, qui ne cesse de précipiter la confusion des genres, souveraine, entre le jeu et la parade.

Erik Bullot

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