[...] Or, les photographies de Molinier, dans leur présentation avec un cache qui ne laisse de lumière qu'au centre, comme au travers d'un trou de serrure, ou comme s'il s'agissait d'un peep-show, ou par leur façon d'attirer le regard sur une partie élue de son corps, fesses ou cuisses le plus souvent, renvoient à une activité voyeuriste qui aurait pour corollaire un intense fétichisme. Ce dernier prendrait son ancrage le plus solide dans les jambes gainées de soie et rehaussées par les escarpins à talons. [...]

Une activité de découpage se développe dans la pratique de Molinier, véritable cut-up corporel, mais qui ne devrait rien au hasard, où les modèles connaissent le démembrement ou la décapitation, sauf qu'elle ne s'applique qu'à de très nombreuses photographies. C'est le côté Gilles de Rais de la photographie de Pierre Molinier. Décomposition et recomposition permanente. Ce n'est pas une pratique aléatoire de la représentation, mais une puissante combinatoire qui rejoint l'idée d'artifice : la nature est niée, effacée, en particulier à l'endroit du visage, lieu où s'inscrit le vieillissement, ou bien c'est la bipédie, la condition de pauvre bipède, qui est sublimée en bouquets de jambes. [...]

Marc Kober

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